De non-coureur à coureur
Avec le chant, la gymnastique a toujours été la matière que je détestais le plus à l’école. Rien que l’idée de devoir faire des tours de course autour de l’école me donnait mal au ventre. Je préférais le cours de dessin où je pouvais me perdre dans les fusains et les barbouillages de peinture.
Tout a changé quand je suis allée travailler à Ottawa en 2011 pour mon postdoc. J’y faisais partie d’un club de course, et y ai rencontré un groupe de Canadiens enthousiastes. Ils étaient en train de se préparer pour le demi-marathon ‘hypothermique’: ce semi-marathon tombait en janvier, et ainsi nous nous entraînions pendant les mois d’hiver – qui étaient glaciaux… Je n’oublierai jamais le son du crissement de la neige fraîche sous nos chaussures de course. Quand j’avais couru 18 km à -18 °C, j’étais heureuse de connaître enfin le sentiment d’un ‘running high’.
Ce que je n’avais pas prévu, c’est que – après le demi-marathon – mes amis canadiens changeaient tous au groupe ‘marathon’. “WTF?” était la première chose qui me venait à l’esprit : un marathon complet…? Je décidais de m’entraîner un peu avec eux, et petit à petit je découvrais les joies des courses ‘LSD’. Quelques jours avant mon retour en Belgique, j’ai couru ‘Around the Bay’ à Hamilton, c’était ma première course de 30 km. Ce n’est qu’au moment où mon corps aimait cette distance que ma tête a suivi. Je me suis inscrite pour le Marathon ‘Flanders Fields’ (2012), et j’ai aimé tous les 42 kilomètres de mon premier marathon.
De coureur à ultra runner
Après avoir couru quelques marathons réguliers, j’ai couru en 2014 mon premier ultra: le 50 km ‘Loop van Vlaanderen’ dans les Ardennes flamandes. Je ne savais rien du cyclisme, mais je reconnaissais les noms des pentes légendaires de la Tour des Flandres, comme ‘Paterberg’ et le ‘Koppenberg’. Je les ai montés et descendus en bavardant. Quand un coureur qui faisait le circuit de 25 km (et non celui de 50, comme nous) nous dépassait et disait “ai ai encore 25 km de souffrance”, je lui ai répondu “non non encore 25 km de plaisir” …et j’étais sérieuse. A l’arrivée, j’étais tellement euphorique que je commençais à danser la salsa sur la grande place à Oudenaarde.
“Je n’oublierai jamais le son du crissement de la neige fraîche sous nos chaussures de course.”
De ultra runner à trail runner
Dans mon club ‘Gent Running Team’, l’entraîneur Martin est venu soudainement avec ‘trailrunning’. Au début, je n’étais pas convaincue: tout ce labeur dans la boue … Mais avec ses histoires enthousiastes, Martin nous a persuadés de l’essayer. Mes premiers trails étaient l’Ecotrail de Paris (30 km) et le Bear Trail (39 km). Et peu à peu le trail running a volé mon cœur. J’aime la pureté, la nature, être loin de tout, l’atmosphère moins compétitive que les courses sur la route, le carboloading avant et après 🙂
D’une part, j’adore parler de la pluie et du beau temps avec mes amis de ‘Gent Running Team’ pendant des kilomètres. Parfois, courir un ultra ressemble plus à un tour savoureux qu’à une course, et nous courons de ravito à ravito. D’autre part, j’adore autant la course seule, dans les bois par exemple. Lorsque j’arrête de penser et je tombe dans le ‘flux’ du rythme de la course pour me réaliser que des dizaines de kilomètres plus tard j’ai couru un ultra, je me sens heureuse. Après, je ne sais plus à quoi j’ai pensé, je ne sais même plus si j’ai pensé à quoi que ce soit.
Après les collines des Ardennes, les vraies montagnes sont venues: le marathon du Mont-Blanc en 2014, l’Ultraks en 2015, le Cortina Trail et l’OCC en 2016. S’il y a une chose que je préférais plus que barboter dans la boue, c’est gagner de l’énergie dans les montagnes 🙂
Parfois, j’étais sur le podium. En général, je ne m’y attends pas du tout : je reçois le prix, une saucisse dans une main et une bière dans l’autre. Que j’aime particulièrement courir beaucoup (mais pas vite 🙂 ressort également du classement du BeTrail 2016 (troisième femme dans le Trailcup et cinquième femme dans le Ultracup).
De trail runner à membre de Trailodge ultra-team
Quand, à la fin de 2016, Lode m’a appelé pour demander si je voulais joindre l’équipe Trailodge ultra-team, j’étais étonnée. Je ne comprenais pas tout de suite ce qu’il voulait dire: être sponsorisée, moi? Aujourd’hui encore, c’est toujours quelque chose d’ irréel, mais je suis très fière de faire partie de ce team avec Hans, Tom, Xavier et Wouter!
Pour moi, l’année 2017 peut devenir plus que jamais une année de trail. Je suis prête à sortir de ma zone de confort à partir de quelques défis, comme l’Ecotrail de Paris (80 km) et le Transvulcania à La Palma (74 km et 4350 mètres dénivelés). Je n’ai jamais couru ces distances et je ne sais donc pas à quoi m’attendre. J’espère que je serai capable de les courir avec un grand sourire – comme je le fais toujours. Comme trails d’entraînement, il y a le ‘Bossen van Vlaanderen trail’, le Trail des Bosses, et le North C trail au programme. Je me réjouis aussi de l’Eiger trail (51 km et 3100 mètres dénivelés) où nous allons avec un groupe de Gent Running Team. L’expérience des montagnes avec des amis, ce sont les vacances parfaites pour moi.